Texte proposé par la FF2P et relayé par Par PsY en mouvement
Publié le 10 Mai 2009
LES USAGERS EN DANGER
ALERTE A UNE REGRESSION !
La nouvelle « loi hospitalière » (HPST) est en débat, « en urgence », au Sénat, cette semaine. Curieusement, un article y a été intégré concernant la protection du titre de psychothérapeute — cela alors que plus de 90 % des psychothérapies sont effectuées hors du milieu hospitalier, à l’initiative des usagers eux-mêmes.
Lors de sa séance du 4 mai 2009, consacrée au débat sur ce projet, du fait de l’absence de plusieurs Sénateurs à la Commission de Affaires sociales du Sénat, cinq amendements rectificatifs préparés par les Sénateurs UMP et centristes, ont été automatiquement retirés, et le texte voté à la hâte par l’Assemblée Nationale, à minuit moins cinq, sans le moindre débat, devant un hémicycle désert, a donc été adopté par la Commission et risque fort de se trouver ratifié par le vote général du Sénat, prévu le 12 ou 13 mai prochain.
Si ce nouveau texte de loi entrait en vigueur, les 4 millions d’usagers français vulnérables (8 % de la population adulte) ayant recours à une psychothérapie, se trouveraient en danger évident d’être confiés — sous couvert de l’État — à des personnes inexpertes.
En effet, la loi prévoit paradoxalement d’accorder le titre de « psychothérapeute » à des professionnels non formés spécifiquement à cette spécialité (en effet, les psychologues et les psychiatres ne sont pas formés à la psychothérapie, ni à la psychanalyse, à l’Université) et d’en interdire l’usage aux professionnels qualifiés, formés spécifiquement, à un niveau d’études de bac + 7, à cette spécialité, dans une trentaine d’instituts d’enseignement supérieur privés.
Les Parlementaires, bousculés par l’urgence, ont ainsi cédé à deux amalgames successifs :
- dans un premier temps, ils ont confondu les psychothérapeutes professionnels qualifiés et certifiés, avec de soi-disant « psychothérapeutes » autoproclamés, sans formation suffisante — parmi lesquels se sont infiltré quelques charlatans et gourous de mouvements sectaires ;
- dans un second temps, ils ont confondu les psychologues et psychiatres avec les psychothérapeutes, sans prendre en compte les exigences différentes de formation, pourtant reconnues dans tous les pays d’Europe, notamment l’exigence d’une psychothérapie ou psychanalyse personnelle pour tous les psychothérapeutes, ainsi que d’une supervision permanente de la pratique professionnelle, cela en sus de la formation théorique, impliquant bien entendu, une solide formation en psychopathologie. Nous publions ci-après, un appel solennel signé par un certain nombre de psychothérapeutes éminents — qui s’alarment de ce danger de régression dans notre législation, en espérant que les Sénateurs vont se ressaisir in extremis lors de la séance plénière de vote, prévue le 12 ou le13 mai.
QUI SONT LES PSYCHOTHERAPEUTES ? LE LEGISLATEUR PERSISTE, AGGRAVE ET SIGNE
Avec le « cinquième acte » de la tragédie qui se joue actuellement au Parlement, dans le contexte de la Loi HPST, définissant entre autres, l’usage du titre de psychothérapeute, le législateur continue de méconnaître gravement la vraie spécificité et la fécondité des apports de la psychothérapie, notamment celle du courant humaniste. La volonté légitime de vouloir protéger les usagers, ne tient aucun compte des règles rigoureuses de fonctionnement, de recrutement et de formation – incluant la psychopathologie – que, depuis 30 ans, les organisations professionnelles se sont données. Règles qui sont aussi celles de l’Association européenne de psychothérapie (EAP) qui regroupe 120 000 psychothérapeutes qualifiés, de 41 pays. Malgré les réactions de professionnels éminents, psychiatres, psychologues, universitaires, et des praticiens certifiés, la loi qui doit être votée au Sénat entre le 12 ou le 13 mai, s’entête à vouloir faire de la psychopathologie clinique le critère principal de validation de la profession. Cette méconnaissance de la réalité de la profession entraîne une quadruple erreur :
• celle de méconnaître la spécificité du métier et de ses exigences de formation ;
• celle de confondre les perturbations psychiques graves — qui en appellent aux compétences du psychiatre — et ce qu’il est accoutumé d’appeler les souffrances psychosociales — qui constituent l’essentiel des demandes d’aide psychothérapeutique ;
• celle d’éloigner de ce métier les personnes qu’un parcours personnel et professionnel prédispose particulièrement à son exercice. En effet il s’agit en réalité, pour la majorité des personnes qui s’adressent aux instituts de formation, non pas d’étudiants nouvellement sortis d’un cursus universitaire en psychologie, mais de professionnels entre 35 et 50 ans, exerçant des métiers de relation d’aide sociale, sanitaire, éducative et autres.
• celle de menacer la créativité même de la Psychothérapie.
Telle qu’elle est proposée, la loi créerait un no man’s land où pourraient s’infiltrer sans vergogne des « aidants » non formés ni certifiés ainsi que des groupes sectaires au nom prometteur. Par ailleurs, le clivage fait entre les psychanalystes — qu’elle intronise — et les psychothérapeutes — qu’elle exclut (les uns et les autres sont formés dans des instituts privés, selon des critères de formation très proches) — rend ce texte socialement et éthiquement inacceptable.
Précisons que beaucoup de ceux auxquels la loi accorde, après simple inscription sur une liste préfectorale, le libre usage du titre — médecins, psychologues et nombreux psychiatres — ont acquis leur vraie compétence de psychothérapeute dans les écoles et instituts de formation que la loi ignore. Les signataires de ce Manifeste en veulent solennellement témoigner.
- Marie-Françoise Bonicel, Maître de Conférence en psychologie sociale à l’université de Reims, psychologue clinicienne, psychothérapeute
- Cyrille Cahen, neuropsychiatre, psychothérapeute
- Pierre Canouï, psychiatre, pédopsychiatre, psychothérapeute
- Isabelle Crespelle, psychologue clinicienne, présidente de la Commission européenne des méthodes de psychothérapie
- Alain Delourme, docteur en psychologie, psychothérapeute
- Charles Gellman, neuropsychiatre, psychothérapeute
- Serge Ginger, psychologue clinicien, psychothérapeute, président de la Commission européenne d’accréditation des instituts de formation à la psychothérapie
- Edmond Marc, psychologue, professeurdes universités, Paris X
- Michel Meignant, médecin, psychothérapeute, représentant l’EAP au Conseil de l’Europe
- Max Pagès, professeur émérite des universités, psychologue, psychothérapeute
- Lucien Tenenbaum, ancien chef de service des hôpitaux psychiatriques, psychothérapeute
Nous encourageons tous les psychothérapeutes CONNUS ET RECONNUS, AYANTS DROIT DE L'ARTICLE 52, à se joindre aux signataires du Manifeste pour signifier leur solidarité avec les psychothérapeutes que les sénateurs voudraient évincer, par leur vote des 12 et 13 mai prochain, malgré leurs bons et loyaux services à la collectivité nationale.
Bruno Dal-Palu. Psychologue- Psychothérapeute - Docteur en études psychanalytiques. Président de PsY en mouvement.
SIGNER LE MANIFESTE
Merci de communiquer cette information au plus grand nombre de vos confrères CONNUS ET RECONNUS, AYANTS DROIT DE L'ARTICLE 52 avant le 12 mai prochain et les inviter à signer ce manifeste accessible sur la page d'accueil du site PsY en mouvement (http://www.psy-en-mouvement.com).